Se retrouver face à Lison Daoust, c’est être absorbé par une tornade de charisme. Quelques minutes passées en sa présence font comprendre très vite pourquoi on l’a invitée à participer à de nombreuses émissions radiophoniques et télévisuelles traitant de sujets variés tels que les troubles d’apprentissage, le trouble déficitaire de l’attention (TDAH), la dyslexie ou l’estime de soi. «Ma force, c’est la communication », souligne celle qui adore expliquer de manière imagée des concepts parfois difficiles à comprendre. Articulée et enthousiaste, la directrice et fondatrice du Centre de consultation psychopédagogique et neuropsychologique du Sanctuaire du Mont-Royal à Outremont possède non seulement une vaste expertise acquise au cours d’une carrière de plus de trente ans, mais elle est aussi habitée par une philosophie de la coordination des forces et de l’action.
En effet, elle aime « rassembler les gens », et miser sur la « concertation et la multidisciplinarité ». Retour sur le riche parcours de cette meneuse qui chapeaute une équipe de professionnels de la santé mentale et de l’éducation qui œuvre auprès d’enfants, d’adolescents, d’adultes, d’aînés et de leur famille.Des débuts en milieu scolaire «Tout a commencé avec un baccalauréat en orthopédagogie », lance Mme Daoust. Le fonctionnement du cerveau l’inté- resse beaucoup. «Au départ, je voulais aller en médecine. Nous étions en 1970 et j’étais l’aînée de la famille avec une maman malade…».
L’orthopédagogie est une science qui permet de comprendre le fonctionnement du cerveau dans les apprentissages. Passionnée par ce domaine, elle poursuit sa scolarité universitaire et obtient une maîtrise en orthopé- dagogie et docimologie avant d’être engagée avec une équipe d’intervenants par une commission scolaire pour organiser les services aux élèves ayant des défis particuliers. Ceux-ci sont alors répartis dans des groupes, et des sous-groupes, selon la nature de leurs défis particuliers : handicap physique, handicap sensoriel, troubles grave de conduite et de comportement ou troubles graves d’apprentissage (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie). Il s’agit d’un geste pionnier qui a marqué le milieu scolaire. «Le tri des clientèles commençait à ce moment-là », se souvient Mme Daoust qui coordonne le projet mettant à contribution des psychologues cliniciens, des enseignants et des directeurs d’école. «Crois-le ou non, en 1974, l’année où l’on a fait ça, tous les enfants étaient dans le même paquet dans les classes, avec tous les troubles. On les a sortis, on les a mis dans des petits paniers, dans des classes spéciales », raconte-elle. La manière d’aider et d’intégrer ces élèves ayant des défis particuliers liés à l’apprentissage, au développement et aux comportements a connu une mutation depuis ces premières interventions. «Dans les années 1990-1995, on les a tous remis dans les classes, on a fait ce qu’on appelle l’intégration », décrit celle qui croit que le secret de la réussite réside certainement dans l’atteinte d’un équilibre entre les deux façons d’intervenir.
Un rayonnement national Visionnaire et sans-limite, Lison Daoust ébranle le milieu scolaire dans lequel elle débute sa carrière en initiant une multitude de projets plutôt avant-gardistes. Son directeur d’école la convoque dans son bureau et lui parle d’un poste à combler au Ministère de l’Éducation qui convient parfaitement à son profil. «Le Ministère avait besoin d’une personne du milieu scolaire afin de développer des outils pour évaluer les élèves des classes régulières dans le but de leur offrir les services et les adaptations nécessaires », racontet-elle. Elle obtient l’emploi et produit, avec une équipe de représentants de toute la province de Québec, « le bilan fonctionnel ». Ce document, qui est le résultat de quatre ans de recherche, sera divulgué et utilisé dans toute la province. Après un passage remarqué au Ministère de l’Éducation, Lison Daoust met sur pied un projet de coordination entre les enseignants, les professionnels et les intervenants dans le cadre d’une recherche subventionnée par le Conseil de l’île de Montréal et qui s’adressait aux principales commissions scolaires. «C’est là qu’a commencé ma carrière de rassembleuse », soutient-elle. « Pour faire l’équilibre des choses, il faut quelqu’un qui dirige, qui met le ton ». Forte d’un rayonnement national, Lison Daoust est invitée par l’Université du Québec en tant que professeure dans le programme de formation initial des maitres en adaptation scolaire et sociale pour y implanter le programme des stages dans les milieux scolaires, dans les services sociaux et hospitaliers. Elle y est professeure responsable du programme pendant cinq ans avant de retourner à l’Université de Montréal pour étudier au niveau doctoral. Elle a poursuivi pendant plusieurs année la supervision d’étudiants dans le cadre de stages pratiques. «C’est une passion pour moi, l’enseignement et l’accompagnement…» Elle rencontre plusieurs d’entre eux dans le milieu et reçoit de beaux témoignages de reconnaissance. Elle fait ensuite une pause ponctuée de différents contrats d’enseignements et de recherche pour donner naissance à ses trois garçons et c’est le décès de son dernier enfant qui fait basculer sa carrière. Après une sérieuse réflexion, elle réintègre lentement le milieu et accepte de collaborer à une recherche d’envergure sur le développement de l’estime de soi chez les enfants et les adolescents en collaboration avec le Département de Santé Communautaire de l’Hôpital Ste-Justine et participe à un projet de dépistage des enfants atteints de TDAH. «C’est une des plus belles expériences de ma carrière ». Sa famille, ses deux fils, Tomas et Xavier prennent une importance primordiale. Conseillée, guidée et appuyée par son conjoint Pierre, elle choisit de ne pas poursuivre sa carrière dans le système public et de se lancer en affaires afin d’avoir plus de souplesse et de liberté d’action.